Claude Seyfried, auteur de “les 7 plis du Hakama”, paru chez Turfu le 23 Avril de cette année, a accepté pour nous de répondre à quelques questions sur son œuvre qui, nous l’espérons, saurons vous faire apprécier encore mieux la découverte de ce livre. Bonne lecture !
Dans votre livre “les 7 plis du Hakama”, le rapport entre les personnages et la nature est très puissant, on pourrait même y interpréter un message écologiste tellement cette dernière est sacrée pour eux. La protection de l’environnement est-elle une cause qui vous est chère ?
Claude Seyfried :
En tous les cas, c’est un des aspects du livre qui a le plus fortement marqué mes lecteurs, à l’image de Nadège Perrier, une de mes premières lectrices, dont je vous livre le témoignage en préambule :
« Je ne sais pas si la légende des sept plis du Hakama existe quelque part, cachée au fond d’un vieux grimoire au Japon ou ailleurs, mais en tout cas, on y plonge et on y est… Le ton des personnages, parfaitement local, les odeurs, les paysages, l’atmosphère, les humeurs, et cette quête haletante…
On voudrait qu’il y ait le film pour encore plus d’action, de spectacle, ou encore se l’entendre narrer autour d’un feu par un vieux sage sorti de nulle part pour encore plus de mystère et d’impatience….et finalement on est repu de songes… Surtout si l’on comprend votre langage, le langage de l’histoire, qui est aussi mon langage… Même s’il naît à son issue un besoin de traductions, quelques recherches pour apaiser quelques curiosités…
D’ailleurs, je me demande si l’une des réponses à l’une de nos arrogances, nous qui voulons tout et tout de suite, ne résiderait pas dans cette fougueuse nature qui d’un coup, balaye tout sur son passage, offrant tantôt des torrents inéluctables de pluie et de boue, se retirant subitement dans les retranchements d’une sécheresse aride, grondant d’une pluie de tonnerre et d’éclairs, râlant à nouveau tout de go en vrombissements sous-terrain.
Et si j’étais capricieuse je dirais : je veux d’autres!
Vivement »
Pour moi, l’histoire a commencé il y a 20 ans et je ne pensais pas écrire un ouvrage qui traite de l’environnement. Je suis un pratiquant d’Aïkido de longue date et je travaille à mon compte en tant qu’illustrateur. La Fédération Française d’Aïkido m’a passé commande d’un produit promotionnel pour développer sa section Jeunes. Je leur ai proposé d’écrire et d’illustrer un petit conte pour enfant mettant en scène trois personnages : AÏ, Ki et DO. L’histoire se déroulait dans la forêt et les relations entre les deux enfants, le vieux sage et la nature étaient déjà très présentes. Je n’ai rien inventé. O Senseï Moriheï Ueshiba, le fondateur de l’Aïkido, était imprégné d’une conscience particulièrement aigüe des forces de la nature. Le système d’éducation qu’il a mis au point pour tenter de créer une société plus harmonieuse faisait souvent référence à l’intelligence de la nature.
Le conte a eu son petit succès auprès des jeunes Aïkidoka (pratiquant.e de l’Aïkido, ndlr).
Moi, je rêvais de développer les idées et de parler aux adolescent.e.s et aux adultes des merveilleuses perspectives que promettent une pratique saine de l’Aïkido, tout en poursuivant la veine du conte.
Vingt années ont passées, remplies de toutes ces choses qui prennent du temps, manger, travailler, aimer, éduquer, voyager, partager. Lorsque l’heure de la retraite a sonné et que la composante travail a libéré un espace, je me suis armé d’un ordinateur et je me suis attelé à la tâche. Cela m’a pris une année. Au fil de l’écriture, j’ai pris conscience que le message que je voulais adresser aux pratiquant.e.s d’Aïkido avait une portée universelle. Les personnages qui s’invitaient dans mon récit d’aventure n’avaient aucune idée de ce qu’était l’Aïkido. Chacun vivait de manière personnelle sa relation avec la nature, mais tous ont été bouleversés par de petites boîtes qui ont remis en question leurs convictions.
Le livre parle donc de manière privilégiée de cette nature que j’aime et qu’il faut à tout prix préserver, mais la particularité de mon ouvrage est de montrer le lien qui existe entre les principes de l’Aïkido et les forces de la nature.
Des arbres qui parlent et qui s’expriment comme des humains… Ce n’est pas banal ! A turfu, nous avons adoré l’aspect magique de votre livre, est-ce que cette magie viendrait d’un intérêt pour la spiritualité en général ?
Sommes-nous sûr.e.s que ce sont les arbres qui parlent comme les humains ? Les Hommes ont souvent la fâcheuse conviction qu’ils sont le centre de l’univers
Lorsque Ariake rencontre le chêne Irimi, il est suffoqué par sa magnificence et donc sensibilisé à son langage corporel. Il dit :
« Mais…Mais…Vous êtes un arbre et vous parlez le langage des Hommes ! »
Le chêne lui répond :
« Comme tu y vas ! Ce n’est pas moi qui parle ton langage, c’est toi qui parles le mien. »
Kilari aussi l’a compris, lorsqu’elle toise l’arrogant Taïfou :
« Peu m’importe qui vous êtes ? Sur l’ile de Yabou, les règles sont les mêmes pour tout le monde. Je vous ai vu à cheval, transportant vos outils de mort. J’ai essayé de vous parler, mais vous ne comprenez pas le langage Yabou. Vous êtes plus bête que vos chevaux ? Ils m’ont compris, eux ! Mais vous, vous êtes sourd, sourd et méchant »
En ce qui concerne la spiritualité, chacun peut trouver ce qu’il cherche dans l’aventure de la vie. Il suffit de prendre la posture de Yanagi, le vannier nomade de mon histoire :
« Essayez d’ouvrir votre esprit à l’inattendu. Vous ne risquez rien »
Mes personnages ne sont pas tous au même niveau de conscience. En outre ils évoluent au fil de l’histoire. Certains possèdent le bon sens commun, d’autres parlent de sorcellerie ou de magie. D’autres encore vivent l’aventure en faisant confiance en leur intuition.
“les 7 plis du Hakama” est un livre qui, bien qu’accessible, ne demeure pas moins fourni et détaillé d’une myriade de personnages et territoires avec des noms très différents les uns des autres ! Quelle furent vos inspirations pour trouver toutes ces appellations ?
Claude Seyfried :
Je suis un admirateur inconditionnel de la culture japonaise et c’est tout naturellement dans un Japon rêvé qui cache à peine son nom, que j’ai déroulé le fil de mon histoire. Les noms des lieux, des personnages et des éléments de la nature ont donc une sonorité japonaise. Cela peut dérouter dans un premier temps mais si on se laisse aller à la musicalité des mots, on s’habitue très vite. Pour celles et ceux qui ont quelques difficultés, une fiche sous forme de signet récapitule le nom des personnages et leur filiation. Outre la sonorité, chaque nom a une signification, ce qui permet un second niveau de lecture.
Un travail conséquent a été mené avec Maki Ogawa sur les kanjis qui illustrent chaque fin de chapitre.
En ce qui concerne les éléments naturels, leur nom est emprunté aux techniques d’Aïkido
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